Fondée en 1930, la maison Troisgros détient trois étoiles Michelin depuis 55 ans. Enfants de la quatrième génération, les fils de Marie-Pierre et Michel poursuivent la voie de l’entreprise familiale ; César dirige le restaurant étoilé, Le Bois sans Feuilles, et Léo est à la tête de l’un des deux autres restaurants Troisgros : la Colline du Colombier. Du marché quotidien aux caves d’affinage du fromage, en passant par le vignoble, l’élevage bovin et le potager contigu au restaurant, Menus -Plaisirs est un voyage intime et sensoriel dans les cuisines d’un des plus prestigieux restaurants du monde.
NOTE DE FREDERICK WISEMAN
Durant l’été 2020, j’ai séjourné chez des amis en Bourgogne. J’en ai profité pour explorer les grands restaurants de la région. Parmi ceux-ci, nous sommes allés au Bois sans feuille, restaurant étoilé de la maison Troisgros.
À la fin du déjeuner, le chef César Troisgros est passé à notre table, nous l’avons remercié pour cet excellent et succulent déjeuner, je lui ai spontanément demandé s’il serait envisageable de réaliser un film documentaire sur leur institution familiale. Il m’a répondu qu’il devait y réfléchir et en parler avec son père Michel, puis il est revenu une demi-heure plus tard, en me disant : « pourquoi pas ? ».
Michel et César Troisgros ont réuni la famille sur ce projet, ils ont ensuite échangé lettres et courriels avec moi et m’ont donné leur accord officiel pour filmer. J’ai attendu le printemps 2022 que l’épidémie de COVID soit terminée pour venir tourner le film.
La maison Troisgros a trois étoiles au Michelin depuis cinquante- cinq ans. L’art culinaire fait partie du rayonnement de la France à l’international. La maison Troisgros est un exemple remarquable de cette tradition gastronomique française.
Quand je suis arrivé pour la première fois en France, dans les années cinquante, à Paris, mes premiers pas m’ont amené vers les musées, les théâtres et les grandes tables.
En regardant César, Léo et Michel Troisgros au travail dans leurs cuisines, c’est comme si je me trouvais dans l’atelier de grands artistes. J’ai pu observer comment l’imagination, le travail préparatoire, la sensibilité, l’intelligence, le sens de l’accueil et de l’organisation collective se combinaient pour produire dans la tradition et la modernité, les multiples œuvres éphémères que chaque combinaison d’ingrédients représente dans chacune des assiettes servies à leurs clients.
J’ai retrouvé chez les Troisgros, l’art de la création et du collectif que j’ai exploré dans des films tels que La Comédie-Française (ou l’Amour joué) et La Danse (Le Ballet de l’Opéra de Paris). Cette aventure gastronomique a aussi un lien avec les autres films de ma série sur les institutions.