Elixir, l’histoire du premier grand festival français Ciné-Rencontre

Jeudi 6 février 2020 - 19h au Novomax - Gratuit
Projection du film Elixir, l’histoire du premier grand festival français suivie d’un échange avec Gérard Pont, réalisateur du film et co-fondateur du festival Elixir.

« Élixir » c’est avant tout une histoire d’hommes, d’ego et de rivalités, de réussites et de désillusions. L’histoire d’une équipe qui, sans le savoir, va créer le modèle de ce que deviendront plus tard les grands festivals d’été français.
Le festival Elixir débarque en Bretagne au début des années 80, dans le Finistère, lancé par une bande de passionnés sans le sou. Pendant sept ans, Elixir accueille les plus grands noms de la scène rock et fait encore briller les yeux de ceux qui y ont participé, de près ou de loin.
Automne 78. Le Finistère est encore au bout du monde, et du monde rock en particulier. Ici, il ne se passe quasiment rien… Dans le meilleur des cas, les popstars s’arrêtent à Nantes… La Bretagne n’a pas encore de quatre voies, pas de TGV…
À l’époque, quelques jeunes se prennent à rêver. iIs ont un peu plus de 20 ans et c’est la scène londonienne qui les fait vibrer, plus que celle de Paris. Parmi eux, Gérard Pont, libraire à Brest. Il organise déjà des concerts à l’auditorium de musique. Il y a aussi Jean-Paul et Pierre Billant, deux cousins agriculteurs qui ont fondé leur propre association, Elixir qui propose des concerts à Landerneau.
Tous les trois décident alors de lancer la première édition du festival Elixir, les 14 et 15 juillet 1979, au lieu dit Créach Carnel, à Irvillac, petite commune de quelques centaines d’habitants. Ca se passe dans un champ en amphithéâtre. Le paysage doit être une invitation à venir. "On était des branleurs" se rappelle l’un d’entre eux. La première édition rime avec débrouille, les comptoirs des bars sont fabriqués avec des palettes de patates. Le professeur de physique du collège devient directeur technique pendant l’été. L’affiche promet déjà et le succès débute. 10 000 personnes viennent écouter John Martyn, Dan Ar Braz ou encore Bert Jansh.
Le festival ne rempilera pas à Irvillac, pas vraiment prêt pour remettre le couvert. Le festival Elixir bougera beaucoup. Plounéour-Trez, Plomodiern, Saint-Pabu et enfin Guehenno accueilleront tour à tour les scènes et le joyeux bordel qui va avec.La seconde fois marque déjà des évolutions. Dans l’organisation avec par exemple la mise en place des bracelets d’accès, la construction de barrières de délimitation. Pour attirer les artistes, les organisateurs vont les rencontrer directement chez eux. Pierre est allé frapper à la porte de Murray Head, à Londres.
Le bouche à oreille fonctionne aussi, tant du côté des festivaliers que des artistes. Certains feront même à Elixir leur unique scène française, comme America qui fait un aller-retour Los Angeles - Plomodiern. Plus tard, c’est Joe Jackson qui ira contre sa maison de disque en privilégiant Elixir plutôt que sa date parisienne. La programmation s’étoffe, les styles de musique changent, on passe du rock au blues. Elixir se met au diapason de son époque tout en gardant son côté simple, où personne ne se prend pour le chef. Seul le plaisir domine.
1982 marque un tournant dans l’histoire d’Elixir, qui devient une entreprise. Les grands noms affluent, les codes changent. Les intermédiaires empêchent la simplicité des débuts. L’argent commence à faire tourner les têtes. Cette évolution ne se fera pas sans heurts. C’est aussi cela que montre le documentaire "Elixir, l’histoire du premier festival rock en France". Tout le monde ne s’y retrouve pas. Certains regrettent la tournure que prennent les choses. Ceux-là quitteront même le navire, non sans dégâts. Au bout de sept ans, les ennuis financiers et d’organisation marqueront la fin de cette aventure. Aucun regret pourtant "on s’est planté, mais ça a été magnifique".